30/03/2024
Il y a encore quelques mois, il suivait une formation en communication chez Talis Paris. Et pourtant. Depuis 2019, Bakary Diombera fait partie de la jeune génération montante du cinéma français. Il a fait ses débuts dans « La Vie Scolaire » de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, mais c’est dans « Banlieusards » de Kery James qu’il se fait réellement remarquer. Depuis, il ne cesse de tourner. À l’occasion de la sortie du « Salaire de la peur » sur Netflix, le jeune homme discret, qui a la tête bien sur les épaules, a accepté de partager comment son rêve, encore impossible hier, est devenu réalité.
Daphné Victor : Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire du cinéma ?
Bakary Diombera : Quand j’étais petit, j’adorais aller au cinéma. Je trouvais fort que des gens que je ne connaissais pas, arrivent à me provoquer des émotions. Je me disais, « mais ça, je peux le faire. Ça aussi. » La vie m’a donné la chance que cela devienne réalité.
DV : Comment en as-tu ouvert la porte ?
BD : À douze ans, je participais bénévolement à de gros événements ; mon objectif était d’en organiser. Déjà j’osais, je me présentais, aux gens je constituais mon carnet d’adresses. Un jour, l’un de mes contacts m’apprend qu’il y a le casting de « La vie scolaire ». Ni une ni deux, je m’y présente. Quatre mois, plus tard on me dit : « Bakary, on n’a pas de rôle pour toi, mais comme on a adoré ta prestation, on t’en a écrit un, rien que pour toi. » Aussi fou que cela puisse paraître, ce fut ma porte d’entrée. Après, j’ai joué dans « Alice Nevers, le juge est une femme » et les choses n’ont fait que de s’enchaîner.
DV : Qu’est-ce qui t’anime face caméra ?
BD : Le rôle. Dans ma tête, je me convaincs que je suis le personnage. Et je le suis.
DV : C’est quoi être acteur pour Toi ?
BD : C’est vivre et c’est d’être celui que je ne pourrai pas être.
DV : Que se passe-t-il dans ta tête quand tu entends « moteur, action » ?
BD : C’est comme si j’étais hypnotisé. Je ne suis plus Bakary. Je suis le rôle.
DV : Mets-tu du Toi dans tes personnages ?
BD : Oui pour ceux avec lesquels j’ai des points communs. Je vais puiser dans ce qui me caractérise. Ça fait partie du jeu d’acteur. Plus on met de soi, plus on enjolive l’interprétation.
DV : Interpréter Noumouké dans « Banlieusards » fut un rôle cadeau ?
BD : On pense à tort que jouer un jeune de cité c’est facile. Mais pas du tout. Noumouké est un personnage fictif qui est loin de celui que je suis dans la vie. Nous n’avions en commun que d’être des adolescents d’Ile-de-France. Lors du casting, le niveau était haut. Il s’est fait en France, en Belgique, en Suisse et aux Antilles. J’ai donc travaillé dur pour que mon jeu soit crédible.
DV : Quel regard portes-tu sur tes premiers pas face caméra ?
BD : Celui d’un jeune homme plein d’ambition et de rêves.
DV : Des rêves accomplis…
BD : Oui. Je me retrouve sur des plateaux à faire ce que je voulais, qui plus est, aux côtés de grands acteurs.
DV : À ce jour, qu’elle a été ta plus belle rencontre ?
BD : Il y en a eu plusieurs, notamment celles avec Leïla Sy, la réalisatrice de « Banlieusards », Jean-Luc Besson, ou encore, Djamel Debbouze.
DV : Que dire de Keny James ?
BD : C’est la famille. C’est un grand frère.
DV : Par la caméra de quel autre réalisateur, jouer serait une réelle consécration ?
BD : Je pourrais répondre Scorsese, mais je suis plus dans la prochaine rencontre. À savoir, quel réalisateur va me faire découvrir d’autres facettes de moi et avec lequel je vais tiser des liens forts et durables ?
DV : Quel rôle aimerais-tu interpréter ?
BD : Des personnages emblématiques qui ont marqué l’histoire comme Malcolm X, Mohamed Ali. Je suis prêt.
DV : De quel acteur aimerais-tu suivre la carrière ?
BD : On me dit souvent, ce qui est un méga compliment, « Bakary, futur Omar Sy. » Certes, je m’identifie à lui, mais Bakary est le futur Bakary Diombera !
DV : Tes origines sont-elles une force ou un handicap ?
BD : Ce n’est qu’une question de perception. J’ai décidé d’en faire une force.
DV : Envisages-tu une carrière Outre Atlantique ?
BD : J’aimerai bien. Je suis d’ailleurs en train de travailler mon anglais.
DV : Et faire du théâtre ?
BD : Aussi. Il y a trois ans, le théâtre de l’Odéon m'a demandé une disponibilité sur trois ans. Mais j’ai choisi le cinéma. Au théâtre, c’est un rythme et c’est surtout l’instant présent. Il n’y a pas de « coupez, on la refait. » Mais je ne lui dis pas non.
DV : Quand la caméra est éteinte, qui es-tu ?
BD : Un jeune lambda, avec ses problèmes qui kiffe sa vie, rigoler et passer de bons moments.
DV : Tu es un jeune homme pétillant, au sourire communicatif. À quoi est dû cet enthousiasme ?
BD : On est le produit de son environnement. C’est dans mes gênes. J’espère ne jamais perdre ça.
DV : Enfant, à quoi rêvait le petit Bakary ?
BD : D’être écouté et d’être aimé …
DV : Quels sont tes prochains projets ?
BD : L’actuel, c’est la diffusion sur Netflix depuis le 29 mars du « Salaire de la peur » de Julien Leclercq avec Franck Gastambide, Alban Lenoir, Sofiane Zermani et Ana Girardot. Et pour les prochains, je ne peux pas encore en parler, mais ils arrivent bientôt…
DV : Quels conseils donnerais-tu à un jeune ?
BD : De ne pas schématiser les autres. Il faut suivre son instinct, envoyer des mails aux agents, aller se présenter sur les plateaux et surtout, trouver sa propre manière de faire les choses, car il n’y a pas de parcours type. La chance, elle se provoque.
DV : Tu as 21 ans. En 6 ans, tu as déjà 11 films et 5 téléfilms à ton actif. Ta notoriété fait tranquillement sa place. Et les chevilles dans tout ça ?
BD : Elles n’enflent pas et ma tête est toujours sur mes épaules. Je ne me sens aucunement différent. Je reste moi-même. J’ai même l’impression de n’avoir encore rien fait. Je m’interroge toujours sur le lendemain.
DV : Alors, que peut-on te souhaiter ?
BD : D’avoir la paix du cœur et de garder mon sourire.
(c) Visuels : DR/Bakary Diombera